Un Serious Game est d’abord Serious avant d’être Game. Si on l’oublie, on heurte le mur légitime de ceux qui n’y voient que de l’amusement.

Une tendance du moment…

Jouer peut aider à mieux apprendre : plus personne n’en doute. Pour notre plus grand plaisir à tous, nous sommes dans les années du grand essor des Serious Games. Qu’ils soient numériques, présentiels, de plateau, de cartes, voire sans matériel, le ludique se réinvite dans la pédagogie. Cela touche beaucoup de secteurs, tranches d’âges, formats, durées et ne reculera probablement pas.

Pour rappel, un Serious Game est un outil qui utilise les mécanismes de jeu pour servir une autre finalité que le plaisir du jeu en lui même : apprentissage professionnel, production, team building, développement personnel, etc.

….qui subit les inconvénients de “l’effet de mode”.

Comme dans toute élévation de masse, de l’opportunisme peut se créer autour du sujet, et en on arrive parfois à perdre la valeur principale des Serious Games. 

Il y a Serious Games et Games “vendus comme Serious”, qui apportent juste la forme du jeu, sans ses vertus.

Une levée de bouclier légitime émerge chez certains “clients déçus”, rejetant les Serious Games de manière générale. Osons le dire : Non, on ne peut plus impressionner la galerie avec un énième “Marshmallow Challenge” sans debriefing. Non, on ne peut plus se contenter de tout transformer en quiz pour former à tout et n’importe quoi. Non, se limiter à écrire le contenu d’une formation sur des cartes ou sur les murs d’un Escape Game ne porte pas souvent de fruits.

Heureusement, face à ce constat : des praticiens du secteur des Serious Games sont là pour nous éviter ces écueils ! 

Jérôme BOCQUET (@ludiBocquet), qui dirige un cabinet conseil en formation et utilise le serious game depuis 1990, nous donne aujourd’hui 7 conseils pour qu’un Serious Game apporte de la valeur. Alors à votre tour : rendez votre Game un peu plus Serious pour inviter vos participants dans le jeu !

Conseil 7) Penser “Serious” avant de penser “Game”

On n’est pas là pour jouer ! Mais, on ne se l’interdit pas sous conditions.

Un client réfractaire au jeu pour le jeu

Quand on choisit un jeu, on commence par réfléchir au plaisir qu’il procure. Quand on choisit un Serious Game, on peut avoir tendance à garder ce réflexe : commencer par la partie Game. 

Réflexe simple mais souvent oublié : Commencez donc par vous poser la question de “de quelle valeur ai-je besoin ?” (Quel est le “Serious” avant quel est le “game”). Sauf si votre objectif est le fun pour le fun, mieux vaut un serious moyennement drôle (qui atteint ses objectifs) qu’un jeu drôle sans valeur (qui créé du rejet sur le long terme).

Conseil 6) Oser dépasser les grands classiques et se tenir à jour

Le serious Game, ce n’est pas que le marshmallow challenge, les jeux agile et Thiagi. Bien sûr, cette bibliothèque a beaucoup apporté, et peut encore beaucoup apporter. Mais, l’univers des Serious Game a énormément évolué depuis l’émergence de ces grands classiques. 

De nouveaux jeux naissent et évoluent tous les jours, avec des objectifs mieux cadrés, une durée de jeu mieux utilisée, un apport pédagogique ou opérationnel plus effectif, et même du fun plus fun. Avec toute la gratitude que nous pouvons avoir pour nos bases traditionnelles, évoluons avec l’ingénierie pédagogique de notre temps !

Conseil 5) Se doter d’une grille de lecture pour faire son choix

A moins d’être soi-même expert et rôdé en serious game, il y a des chances pour qu’au plus vous connaissiez une dizaine de jeux sérieux, ce qui est déjà pas mal ! Naviguer dans des bases de données de jeux nécessite la grille de lecture (critères de choix) appropriée, car c’est votre temps et votre apprentissage qui sont “en jeu”. Des jeux empilés “en veux tu, en voilà” pourra impressionner des néophytes, mais apportera peu de valeur.

Retrouvez ici une grille de choix des jeux (parmi bien d’autres), qui vous permet par exemple de naviguer dans des #OpenSeriousBase. 

Conseil 4) Garder en tête la valeur facultative du jeu

Nous avons beau promouvoir l’efficacité du jeu et celle d’#OpenSeriousGame pour la transmission. Un outil est sagement utilisé uniquement lorsqu’on sait aussi quand NE PAS l’utiliser. 

Parfois, dans votre démarche pédagogique, il vaut mieux se garder le choix de refuser le jeu, au profit d’une activité moins fun, que de forcer le jeu pour le jeu. Cela mettra d’autant plus en valeur les séquences de jeux. 

Conseil 3) Entrer PROGRESSIVEMENT dans le ludique

Tout le monde n’a pas la même appétence pour le “fun”, ou n’ose pas s’exposer au même niveau à travers le jeu. Les icebreakers aident, mais parfois peuvent mettre mal à l’aise : lancer des balles ou faire la danse des canards ne convient pas tout de suite à tout le monde. Le public que vous croiserez en entreprise n’est pas toujours celui des meetups et conférences. 
Invitez les participant(e)s progressivement dans le jeu. Osez parfois choisir des jeux un peu moins « ludiques » qui ne sont pas fait pour des joueur(-se)s invétérés. Oui, casser les codes est parfois nécessaire, mais casser les gens ou les relations l’est souvent moins. Des activités faiblement impliquantes créent la confiance de base, qui permet des Serious Games nécessitant le niveau de confiance suivant, puis suivant, puis suivant, etc.

Conseil 2) Dédier de l’effort à faire le lien avec “la vie réelle” (en dehors du jeu)

Hormis les “jeux de production” (dédiés à produire directement un document concret ou un livrable utilisable, grâce à un jeu), la plupart des jeux pédagogiques ne contiennent que les règles du jeu sans les recommandations de debriefing.

On n’apprend pas en jouant, on ne devient pas collaboratif en ayant fait un jeu collaboratif. 

Le jeu déclenche une stimulation souvent nécessaire à l’apprentissage. Pour concrétiser cette stimulation, certains font par eux-même le lien avec la vie réelle. 

Pour tous les autres, il faut apprendre à débriefer, faire des liens, exploiter, transférer. Ce sont des compétences à développer en parallèle et simultanément pour utiliser pleinement les bénéfices de la gamification pédagogique. 

Heureusement, certains jeux intègrent des guides de debriefings, voire des debriefing intégrés !

Conseil 1) Partager sur la culture des Serious Games

Les vins ont plus de chance d’être mieux choisis dans des milieux d’oenologues, amateurs ou professionnels. Pour atteindre la même qualité dans le choix des jeux, à vous de développer la culture des Serious Game, pas uniquement en discutant, mais aussi en pratiquant, en décortiquant, en animant, parfois en créant soi-même ses variations. Un univers culturel s’ouvre à notre époque, et le secteur du Serious Game s’enrichit d’intelligence collective sans précédent. 

A vous d’apprendre à y participer sérieusement afin que “le jeu en vaille la chandelle” !

Et vous, quels sont vos conseils ?

#OpenSeriousGame est une communauté centrée autour de la transmission, avec l’idée forte que tout le monde peut transmettre. Vous avez probablement également des idées et des pratiques à partager sur le Serious Game, et nous serions très contents, à notre tour, d’apprendre de votre expérience dans les commentaires.